L’institut PiPsy, issu du Laboratoire Plasticité du Cerveau (CNRS / ESPCI Paris – PSL), veut faire entrer les neurosciences dans le monde de l’entreprise en proposant des formations en neurosciences cognitives. L’objectif : expliquer les comportements en observant directement l’activité du cerveau, pour pouvoir les faire évoluer et limiter le stress, éviter les risques de burnout, faciliter les relations interpersonnelles et la gestion des émotions et, in fine, accroître la performance.
Comprendre les neurosciences comportementales
Les neurosciences comportementales étudient, dans le cadre d’une psychothérapie, l’activité du cerveau. Cette discipline, née il y a une trentaine d’années, a récemment connu une croissance exponentielle, notamment grâce aux avancées des technologies digitales et de l’imagerie. Concrètement, le patient est équipé d’électrodes, reliées à un encéphalogramme, ce qui permet de visualiser en temps réel l’activité du cerveau.
« La psychothérapie classique étudie en interrogeant les personnes de l’extérieur. Grâce à l’ingénierie cérébrale, on voit ce qui se passe à l’intérieur du cerveau et comment le cerveau traite l’information. On arrive à mieux comprendre ce qu’est une pensée et, plus récemment, ce qu’est une émotion », explique François-Benoît Vialatte, le fondateur de l’Institut PiPsy. Selon lui, « en ayant une meilleure connaissance des neurosciences, les interventions sont plus ciblées et plus fines, car on comprend mieux les mécanismes sous-jacents ».
L’utilisation des neurosciences permet notamment de « déculpabiliser » les patients en leur montrant que les émotions qui peuvent les submerger ont des origines fonctionnelles. À ce titre, l’Institut PiPsy utilise notamment des techniques de neurofeedback qui permettent aux patients de « voir leurs pensées en action pour les modifier ». Le neurofeedback, « c’est un peu comme de la kinésithérapie, on améliore la capacité à se connaitre soi-même. C’est une prise de conscience qui améliore les capacités cognitives ».
Grâce à ces techniques, « on peut soigner les souffrances en modifiant la façon dont une personne ressent les émotions. On peut notamment faire un travail sur les traumatismes qui génèrent de véritables orages émotionnels et qui font que dans ce cas, la personne n’est plus capable de prendre du recul. On utilise des stratégies pour les interrompre et se projeter dans le long-terme et réguler les émotions », précise François-Benoît Vialatte.
Les neurosciences pour améliorer la qualité de vie au travail
Les neurosciences comportementales représentent un nouvel outil pour améliorer la qualité de vie au travail, en aidant à réguler les émotions, à mieux gérer le stress, à anticiper et prévenir les risques de burnout, et à fluidifier les relations interpersonnelles. Autant de leviers permettant d’accroître le bien-être au travail de tous les collaborateurs, et la performance globale des équipes.
« Savoir comment fonctionne le cerveau permet de crever l’abcès et de mieux arriver à se mettre à la place de l’autre et de mieux gérer ses rapports à ses propres émotions », indique le fondateur de l’Institut PiPsy. Grâce aux neurosciences, « on peut s’entrainer à sortir des filtres du cerveau, ce qui permet d’augmenter la créativité, de résoudre des problèmes et d’améliorer la gestion des émotions pour aider les personnes en souffrance ».
En matière de gestion de stress, les neurosciences donnent aux patients les outils pour « prendre du recul, trouver les sources et apprendre à les gérer ». Un constat qui vaut également pour les burnouts, liés à une mauvaise connaissance de ses propres limites. « Certaines personnes ne connaissent pas leurs limites et ne parviennent pas à communiquer. Ils ne parviennent pas à faire un pas de côté et explosent en vol ».
« La plus-value de notre approche, c’est de permettre de démystifier le fonctionnement émotionnel, ce qui permet de limiter les situations conflictuelles. C’est dur de rompre avec les habitudes de pensée. Les neurosciences permettent de déculpabiliser les personnes en montrant qu’il ne s’agit pas d’un problème personnel, mais que cela a une origine fonctionnelle », ajoute François-Benoît Vialatte.
Des formations pour les professionnels de santé et pour le management d’entreprise
L’institut PiPsy, né des travaux d’une équipe pluridisciplinaire de chercheurs, poursuit une activité clinique en psychothérapie, mais propose également plusieurs types de formation pour « faire sortir la recherche des murs du laboratoire et transmettre des compétences qui mettent du temps à arriver jusqu’aux professionnels ». Des formations à destination des structures de santé pour former leurs personnels aux neurosciences, mais aussi des formations dédiées au monde de l’entreprise, en particulier à destination des cadres.
Les formations proposées aux personnels des structures de santé visent à former les personnels sur les neurosciences et les troubles neuro-développementaux. « Parmi nos formations, on travaille avec des équipes sanitaires et sociales pour former les équipes sur les bonnes pratiques et la prise en charge des troubles neuropsychiatriques ». Des formations rendues indispensables depuis la dernière réforme des établissements sociaux ou médico-sociaux (ESMS), qui prévoit la mise en place d’une prise en charge systématique avec une approche neurocomportementale fondée sur les preuves.
L’Institut PiPsy a également lancé des formations à destination des cadres, spécialisées sur la gestion des émotions et la régulation du stress en entreprise, et basée sur la mindfulness. Parmi ces formations, on en retrouve centrées sur le neurofeedback, l’art-thérapie cognitivo-comportementale, et l’hypnothérapie cognitivo-comportementale.