Elizabeth Armao de France Orientation Conseil partage les cinq éléments qu'elle considère comme essentiels pour réussir une formation à distance.
La formation à distance est devenue un incontournable depuis la pandémie. Créée en 1985 en France avec le CNED, elle a bien évolué avec le développement des outils numériques et d’internet. Après des débuts timides à l’aube des années 2000, elle est définie une première fois par la circulaire n° 2001/22 du 22 juillet 2001 comme « un dispositif souple de formation organisé en fonction des besoins individuels ou collectifs (individus, entreprises, territoires). (…) « Elle comporte des apprentissages individualisés et l’accès à des ressources et compétences locales ou à distance. Elle n’est pas exécutée nécessairement sous le contrôle permanent d’un formateur. » […]
Elle est reprise dans les textes de la réforme de la formation professionnelle de 2014. L'article L. 6353-1 du Code du travail l’aborde en ces termes : « (La formation professionnelle) (…) peut être dispensée, notamment, sous forme de formation à distance, de périodes de professionnalisation, de stages de formation continue, de formation en situation de travail ou de contrat de professionnalisation. »
En 2018, la loi Avenir y adjoint plusieurs modalités et l’inscrit à l’article L. 6321-1 du Code du travail en ces termes : « (La formation professionnelle) peut être mise en œuvre, notamment, sous forme de formations suivies en tout ou partie à distance, de périodes de mise en situation en milieu professionnel, de stages de formation, d'ateliers de pratique et d'entraînement, de modules de formation, de cours du soir, de cours par correspondance, d'autoformation, de formation dispensée par les organismes consulaires, de formation en situation de travail, de formation dispensée dans le cadre de la validation des acquis de l'expérience ou de formations dispensées en application de l'article L. 6111-2. ».
Le virage est pris lors du confinement en 2020 : toutes les générations se sont simultanément connectées plus ou moins aisément vers cette modalité souple et plus économique de la formation.
D’abord présentée à ses débuts comme un dispositif tour à tour inefficace ou incontournable, elle a fait éclater les trois piliers de la formation : les unités de lieu, de temps et d’action, favorisant le travail désynchronisé (asynchrone), c’est-à-dire chacun à son rythme, au détriment du travail collectif simultané (synchrone). Initialement basée sur l’écrit puis sur des vidéos non interactives, les taux d’abandon étaient initialement très importants (plus de 95% pour les MOOCs) malgré les efforts de certains éditeurs réactifs pour développer des activités immersives et dynamiques comme les serious games notamment. Imposés entre deux tâches sur le temps de travail, les modules de formation numériques ont eu du mal à se faire une place sur le terrain, générant davantage de souffrance au travail que de développement des compétences.
Une nouvelle ère
Elle connaît maintenant une seconde ère, particulièrement grâce à l’amélioration des connexions internet par le déploiement de la fibre. Couplée aux forums de discussion, aux chats et aux activités interactives en direct (quiz, tableaux blancs collaboratifs), la visioconférence replace l’interaction directe au cœur de l’intervention pédagogique.
La formation à distance n’est pas un nouveau modèle de formation, dans le sens où il ne s’affranchit pas des règles de la pédagogie. Parmi ces principes, il en est un qui a souvent été oublié dans ses débuts : la formation n’est pas de l’information. Son développement impose aux ingénieurs pédagogiques de maîtriser les règles et les principes pédagogiques pour favoriser l’appropriation des contenus par la mise en activité. Fini le temps de la passivité face à un écran !
On ne fait plus de formation à distance avec n’importe qui, pour n’importe quel projet, n’importe comment. Le modèle du module de formation en ligne tout automatisé a vécu. Aujourd’hui, les visioconférences, les activités synchrones et l’alternance de présentiel et de distanciel, le mode inversé, qui permet de consacrer les temps synchrones aux applications, aux échanges de pratique, aux débats, donnent du relief à des parcours pédagogiques considérés sans humanité par les participants. Avec l’arrivée de la certification qualité Qualiopi, les professionnels de la formation affinent leurs dispositifs et amplifient l’accompagnement et le suivi des apprenants. La formation à distance devient une formation désynchronisée accompagnée : les taux d’abandon diminuent, on forme et on certifie des diplômes et des titres professionnels.
Elle impose également aux apprenants d’assumer la responsabilité de leur apprentissage, à prendre leur place dans le dispositif de formation, c’est-à-dire de développer une méthodologie de l’apprentissage adaptée à leur profil, ce que Philippe Carré appelle « l’autoformation autorégulée ». Cette forme d'autoformation est caractérisée par la capacité à se fixer des objectifs d'apprentissage, à identifier les ressources nécessaires pour atteindre ces objectifs, à planifier et organiser son apprentissage, à évaluer sa progression, et à adapter son apprentissage en fonction des résultats obtenus.
Fixer des objectifs d’apprentissage
En tant qu’apprenant à distance, vous devez donner du sens à votre formation, ainsi l’inscrire dans un projet concret, savoir à quoi elle va vous servir : changer de poste, vous reconvertir pour changer de métier et de rythme de vie, créer une entreprise, etc. Fixer un objectif concret permet d’ancrer la motivation et de tenir bon dans les moments difficiles.
Les objectifs pédagogiques et la progression doivent être fixés par l’organisme de formation et vous être communiqués. Ils vous permettent d’adapter votre rythme de travail, d’anticiper les échéances, de prévoir les moyens nécessaires.
Identifier les ressources et les moyens nécessaires
Les objectifs ne peuvent être atteints que si vous évaluez l’effort nécessaire et mettez en œuvre les moyens adéquats : évaluez le coût pédagogique, les moyens de le financer. Les ressources sont-elles toutes prévues dans la formation, ou devez-vous acquérir des livres, des outils supplémentaires ? Interagissez avec vos collègues de formation, prévoyez des temps de travail collectif. Produisez des écrits : fiches de synthèse, notes… et projetez des applications concrètes au travers de votre projet.
Mobilisez des outils d’organisation efficaces : un planning en ligne, un logiciel ou une tablette de prise de note…
Identifiez les interlocuteurs de la formation et leur rôle, les démarches administratives à réaliser en amont et pendant la formation (inscription, stages, rendus pédagogiques, règlement intérieur, obligations et engagements…).
N’attendez pas tout du formateur ou de l’organisme de formation : c’est votre projet, l’organisme fournit les moyens de vous former, mais si vous n’êtes pas pro-actif, impliqué et ne travaillez pas les contenus, vous n’apprendrez pas. Prévoyez toujours une production en amont des cours quand vous en connaissez le sujet : cela change tout sur votre compréhension du sujet, il vous semblera « facile ».
Planifiez votre apprentissage
Organisez votre emploi du temps et « sacralisez » des créneaux de travail pour consacrer le temps nécessaire à la formation, prévoyez des délais de sécurité, des récompenses après chaque séance de travail. Mobilisez votre entourage dans votre projet pour vous aider dans votre organisation.
Prévoyez des temps de travail individuels et des retours en groupe, des partages de pratiques.
Évaluez votre progression
Profitez des moments d’échange pour identifier vos axes d’amélioration. Ne dramatisez pas et demandez l’aide du formateur pour construire des étapes d’apprentissage qui correspondent à votre besoin. Pour accepter la remise en question, autorisez-vous de ne pas réussir du premier coup, appliquez les consignes, restez pragmatique.
Ne vous comparez pas aux autres membres du groupe d’apprenant : chacun dispose d’une expérience et d’un acquis différent, mais aussi d’un profil d’apprentissage et d’un rythme différent. Restez centré sur votre objectif et sur votre propre planification.
Adaptez votre apprentissage
Prévoyez des étapes d’autoévaluation et des temps de restructuration si vous vous rendez compte que vous prenez du retard. N’hésitez pas à changer de méthode si elle n’est pas efficace. Par exemple, ne passez pas des heures sur une même activité, mais ne zappez pas non pus d’une activité à l’autre toutes les cinq minutes… Faites des exercices d’application après chaque contenu abordé, accordez-vous un temps de repos entre deux contenus… Questionnez-vous sur votre méthode régulièrement.
Ces quelques conseils ne sont pas une formule magique pour réussir une formation à distance, ils ont vocation à vous permettre de comprendre comment prendre votre place dans le dispositif pédagogique. Le formateur est un chef d’orchestre et un garant du contenu et de la méthode pédagogique, c’est-à-dire qu’il sait organiser une activité pédagogique qui permet aux apprenants de découvrir et de s’approprier un contenu, il n’est pas un enseignant qui expose un savoir. Il organise une situation pédagogique dans laquelle l’apprenant va agir et interagir, il lui fournit les clés pour approfondir le contenu s’il le désire, en fonction de ses priorités. L’objectif de la formation est de rendre un apprenant autonome dans l’approfondissement d’un sujet, parce qu’en fin de compte, c’est lui seul qui doit vivre le savoir-faire que le formateur met à disposition dans l’action.
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