Quelle place des serious games dans les dispositifs de formation ? Quand les utiliser ? Comment sont-ils perçus par les entreprises ? Sylvain Boutet, co-fondateur de l’Académie Spinoza, co-auteur des serious game Mission Coopération et Mission QVT et expert en facilitation de l’intelligence collective répond à nos questions.
Qu’est-ce qu’un serious game ? Comment fonctionne-t-il ?
Un serious game est un dispositif pédagogique qui s’appuie sur les mécaniques et sur l’univers du jeu pour multiplier les mises en situation et les expérimentations individuelles et collectives sur un temps court.
Il offre naturellement un cadre de protection aux participants en leur permettant de s’exprimer à travers un personnage. Cela facilite le lâcher prise, l’expression libre et l’engagement.
L’histoire, l’esthétique du graphisme, l’univers proposé créent des émotions, stimulent l’imagination et permettent de s’immerger plus vite dans l’expérience et de partager un moment collectif particulier propice à des échanges et des relations différentes.
Le principe même du jeu crée immédiatement un environnement qui favorise le travail en équipe autour d’une thématique ou d’une situation partagée.
Pourquoi intégrer un serious game dans un dispositif pédagogique ?
Avec un serious game, l’apprenant vit ses apprentissages autrement car le jeu facilite les prises de conscience et l’acquisition des connaissances par l’expérience.
Il est un outil et un support pédagogique parfait pour :
- faire découvrir des idées, stimuler des prises de conscience et faire pratiquer des outils dans des mises en situation originales,
- débriefer avec les participants sur leur vécu,
- partager avec eux des connaissances scientifiques qui apportent un éclairage structurant sur l'expérience
- favoriser la mémorisation et ancrer l'outil ou la pratique découverte dans leur quotidien professionnel et faire des ponts avec des situations qu'ils ont déjà vécues.
Le serious game est aussi un outil très efficace pour créer rapidement des interactions et des échanges entre les participants. Il donne envie tout de suite de collaborer et de créer des liens.
Pour le formateur, le serious game est un outil pédagogique à choisir et à intégrer judicieusement dans son dispositif de formation.
Par exemple, j’utilise régulièrement le serious game « Mission Coopération » assez tôt dans le dispositif d’apprentissage pour aider les participants à découvrir et à expérimenter rapidement les freins et les leviers de la coopération en équipe sur lesquels nous travaillerons ensuite dans le parcours de formation.
À l’inverse, je vais utiliser « Mission QVT » à la fin de notre formation « l’Académie Spinoza pour les Acteurs de la QVT » pour permettre aux participants d’ancrer et de mettre en œuvre leurs apprentissages en entrant dans la peau d’une équipe interne chargée de créer et de déployer un plan QVT dans son entreprise.
Comment les entreprises réagissent elles ?
Les réactions sont souvent de deux natures.
Il y a bien sûr le côté attractif du jeu : il éveille la curiosité et renvoie une image « fun » de la formation. C’est un dispositif dans l’air du temps, bref, il donne envie !
Ensuite, assez rapidement dans les échanges préparatoires, arrivent d’autres questions : « Oui, mais est-ce que c’est quand même assez sérieux ? Est-ce que les participants vont vraiment apprendre quelque chose ? Vont-ils facilement faire des liens avec leur vécu professionnel ? »
À cette étape, il est essentiel de ré-expliquer que le serious game est un dispositif pédagogique parmi d’autres et qu’il est comme les autres au service d’un projet de formation, d’une intention et d’objectifs pédagogiques pour les apprenants.
La discussion entre le responsable RH ou le responsable formation et l’organisme de formation commence toujours par le cadrage du besoin de l’entreprise et des futurs apprenants.
Le serious game est une proposition pédagogique à haute valeur ajoutée qui s’intègre dans un dispositif d’accompagnement plus global conçu et pensé en fonction d’un objectif d’apprentissage clairement défini au préalable.