La crise sanitaire, qui a eu les conséquences dramatiques sur l’emploi et l’économie que l’on connaît, a aussi renforcé un sentiment d’insatisfaction et d’incertitude chez les Français vis-à-vis de leur travail. Au cœur du problème, on retrouve un manque de sens dans leurs tâches quotidiennes pour 63 % d’entre eux, selon une étude menée par YouGov et le cabinet de coaching Chance. Il devient donc plus sensé de changer de voie plutôt que de se battre pour conserver des postes en sursis. Mais la reconversion peut faire peur : toujours selon cette même étude, les Français s’inquiètent d’une potentielle perte de salaire et de ne pas avoir l’expérience ou les compétences nécessaires pour se lancer dans le nouveau métier qui les inspire. Pourtant, cette transition peut être sécurisée par le biais de la formation professionnelle, fortement soutenue par le gouvernement à travers plusieurs mesures. Ces dernières viennent faciliter l’accès au développement des compétences et à leur financement. Tour d’horizon des différentes pistes à explorer.
Un confinement aux conséquences inattendues
Principale restriction dans la lutte contre la propagation du virus, le confinement a mis un coup d’arrêt à de nombreux secteurs, mais a aussi eu d’autres conséquences inattendues. De nombreuses entreprises ont eu recours à l’activité partielle, et beaucoup d’employés se sont retrouvés à la maison avec du temps libre. Certains d’entre eux se sont donc tournés vers la formation pour optimiser cette période creuse.
Rien de surprenant puisque, pour dissuader les entreprises en activité partielle de licencier leurs employés, le gouvernement a fait appel au FNE-Formation, un fonds de financement qui permet de rembourser les frais de formation des salariés en AP. Cette mesure fait partie du plan de relance du gouvernement qui comprend un volet important dédié à la formation (2,3 milliards pour 2020-2022). Pour certains, cela n’est pas suffisant pour impulser la reconversion ou l’évolution horizontale, afin de réorienter les professionnels vers les secteurs qui emploient le plus. En effet, si 1 000 000 de postes sont menacés, 200 000 emplois ne sont pas encore pourvus.
C’est le cas du MEDEF, qui a mis au défi le gouvernement en avançant 20 propositions destinées à faciliter la reconversion. Parmi elles, on retrouve le développement de la Pro-A (dispositif d’évolution professionnelle par le biais de l’alternance), l’allègement des charges salariales sur le recrutement de salariés en transition, la facilitation des VAE (Validation des Acquis de l’Expérience), une mobilisation renforcée de l’AFEST (dispositif de formation sur des postes au savoir-faire particulier très en demande des entreprises) et, en premier lieu, les moyens de donner aux décideurs des outils agiles pour recenser « les viviers d’emplois à pourvoir et les emplois menacés pour identifier les mobilités professionnelles à favoriser territoire par territoire ».
De nouveaux dispositifs
La crise a eu l’autre avantage de multiplier les conversations entre l’État et les partenaires sociaux. Ces échanges ont donné lieu à l’annonce le 26 octobre par le gouvernement d’un nouveau dispositif de financement des formations : le CPF de transition collective. Il s’agit d’une extension du Compte Personnel de Formation, un financement simple et ouvert aux actifs (salariés, demandeurs d’emploi, jeunes de plus de 16 ans) lancé par le Ministère du travail le 1er janvier 2015 et qui permet de trouver et financer (jusqu’à 8 000 euros) une formation professionnelle par le biais d’une application et d’un site accessible à tous.
Le but du CPF de transition collective est d’orienter les salariés dont l’emploi est menacé vers un métier en tension en les formant. 186 métiers ont été identifiés par le ministère du Travail, particulièrement dans le secteur des services à la personne, de la santé, de l'informatique et de la logistique. Ce dispositif sera géré par les Commissions Paritaires Interprofessionnelles Régionales, (CPIR), au nombre de 18 en France et plus connues sous le nom d’associations « Transitions Pro ». Ces dernières prendront en charge le salaire et les frais pédagogiques de la formation de manière totale ou partielle, selon la taille de l'entreprise.
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Des financements encore trop méconnus
D’autres dispositifs instaurés en janvier 2019 à la suite de la loi pour la Liberté de choisir son avenir professionnel gagnent aussi à être plus connus du grand public. C’est le cas notamment du Projet de transition professionnelle, destiné aux salariés (y compris intérimaires et intermittents) qui souhaitent se reconvertir : il complète le CPF sur des formations longues qui ne peuvent pas être couvertes totalement par ce dernier. Tout comme son prédécesseur (le Congé Individuel de Formation), il s’effectue sur un congé.
Dans la même veine, il existe aussi le Pro-A, dispositif de reconversion ou de promotion par alternance. Il s’adresse avant tout aux salariés aux qualifications inférieures au grade de la licence et il permet d’accéder à une formation certifiante pour se reconvertir tout en restant dans son entreprise. Idéal pour obtenir une VAE, il remplace la période de professionnalisation depuis janvier 2019.
En plus de ces dispositifs qui ont été placés sous les feux des projecteurs ces derniers temps, il existe d’autres solutions de financement à explorer, selon votre profil. Retrouvez-les dans notre document complet sous forme de visuel !