Quelle fiabilité pour la formation à distance à l'aube de l'ère post-covid ?
Directrice générale de France Orientation Conseil, organisme de conseil et de formation des formateurs, auditrice Qualiopi, chercheure en sciences de l'éducation et enseignante à Aix-Marseille Université, Elizabeth Armao répond à nos questions et nous présente les trois piliers de l'accompagnement de l'apprentissage à distance.
Qu'entend-on par formation à distance aujourd’hui ?
Parle-t-on de modules e-learning automatisés en ligne, sans intervention d'un formateur ? Parle-t-on de contenus en ligne, de visioconférences ?
EA : "Dans le premier cas, on apprend seul face à la machine, en répétant des exercices d'application. Cette méthode, basée sur l'apprentissage par essais / erreurs, est plébiscitée pour l'apprentissage des outils bureautiques ou des langues notamment.
D'autres dispositifs proposent un tutorat hebdomadaire ou mensuel par visioconférence ou téléphone, individuel ou en groupe, voire un mix des deux. D'autres encore proposent l'alternance de séances présentielles et de séances à distance, des quiz ou des devoirs.
Au début de la crise sanitaire, j'ai beaucoup vu de séances en visioconférences "expositives" : le formateur déroule une présentation en illustrant son propos à l'aide d'un diaporama. Les apprenants décrochaient au bout d'une demi-heure... Aujourd'hui, les formateurs maîtrisent mieux les outils, font davantage participer les apprenants en leur proposant des travaux en sous-groupes, en utilisant des applications pour générer de l'interaction. La méthode inversée peine encore à s’implanter car elle va à l’encontre de la culture de l’apprentissage, mais tout ceci évolue. Les professionnels s'y sont mis, ils se forment."
Quels sont les vrais avantages de la formation à distance ?
Les organismes de formation mettent en avant les nombreux avantages -réels- de la formation à distance : flexibilité, individualisation, coût moins élevé, gain de temps... Quelle est la réalité de ces affirmations ?
EA : "La formation à distance est flexible, parce qu'elle permet d'accéder aux ressources de la formation d'où l'on veut, à la condition de bénéficier d'une connexion internet stable. Les contenus sont disponibles 24h/24 sur une plateforme en ligne. Les apprenants savent qu'ils doivent organiser leur travail et se motiver. Cela demande une certaine rigueur dès le début de la formation, or, nous ne sommes pas tous égaux à cet égard. D'où l'importance, pour les organismes de formation, de bien concevoir les modalités d'accompagnement : il faut un coordinateur pédagogique qui maîtrise le dispositif et ses outils, réagit rapidement aux demandes, impulse une dynamique collaborative, rassure, aide à structurer, à donner du sens au dispositif. Il est là pour entendre et aider à résoudre les difficultés."
Cela implique de bien savoir comment les apprenants apprennent ?
EA : "C’est essentiel ! Parmi les piliers de l’apprentissage, j’en retiens 3.
On sait qu'on apprend dans le temps et dans l'interaction. Il peut s'agir d'une interaction avec la machine, avec ses collègues, le formateur ou les autres stagiaires.
Pour apprendre, il faut également contextualiser, c’est-à-dire mettre le savoir en action. Il s’agit de relier le savoir au contexte de chaque apprenant, comme c'est le cas dans la méthode par projet par exemple. Cela fait partie de l’individualisation.
Enfin, on sait qu'apprendre nécessite des repères, des rituels, comme des points fixes sur une carte, pour que les apprenants construisent une image mentale du dispositif et se sentent en sécurité dans leur apprentissage. Il s'agit notamment de désigner un référent, un outil, une méthode, de délimiter les temps et les espaces, de ritualiser les travaux et les espaces."
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